Grandes unités morphologiques

D’ouest en est, le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur présente plusieurs grandes unités morphologiques :

Saintes-Maries-de-la-Mer, Site de Brasinvers, Grand Radeau, 2018 © Jean Belvisi / DREAL PACA / Observatoire Photographique du Littoral Vu Depuis la Mer

La Camargue est une vaste zone humide de 150 000 ha correspondant au delta du Rhône et formée par des dépôts de sables très fins, des étangs et des marais. Elle se découpe en deux zones, la petite Camargue ou Camargue Gardoise (partagée entre l’Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur) et la grande Camargue.
La petite Camargue qui s’étend du Grau-du-Roi au petit Rhône a été formée par les dépôts d’alluvions des anciens bras ouest du Rhône. Elle comprend, à partir de l’Espiguette, une pointe sableuse d’une largeur de 150 à 500 m et des massifs dunaires importants tels que ceux des Baronnets et de Terre-Neuve, d’une hauteur de 3 à 5 m. En allant vers l’est, les plages s’amincissent. Le cordon littoral sépare de la mer un ensemble d’étangs (fluvio-lacustres et laguno-marins) et des zones de marais. L’orientation générale de la côte est légèrement convexe. En partant de l’Espiguette elle décrit une courbe nord-ouest / sud-est.
La grande Camargue est située entre les deux bras actuels du Rhône et sa formation est étroitement liée à d’anciens bras encore visibles dans le paysage : les bras de Saint-Ferréol, d’Ulmet et de Fer, ou de Piémanson qui ont longtemps apporté une quantité considérable de matériaux qui ont fait avancer le rivage. Leur disparition a entraîné une évolution rapide de la morphologie de la côte qui forme actuellement le golfe et la flèche sableuse de Beauduc.

En grande Camargue, la flèche de Beauduc présente les mêmes caractéristiques que celle de l’Espiguette, à savoir des plages larges et des massifs dunaires de 3 à 5 m de hauteur. A l’exception de la flèche, cette zone est constituée d’un cordon dunaire très étroit et les plages sont très plates et de faible élévation, ce qui facilite leur inondation avec les marées et les surcotes de tempête. Sur ces plages, des systèmes mobiles de barres-bâches régulièrement exondées s’observent à proximité de la limite sable/mer. Séparés de la Méditerranée par ce cordon littoral, deux complexes importants d’étangs et de marais sont caractéristiques de la grande Camargue. L’étang de Vaccarès et les étangs inférieurs forment une zone humide de 13 000 ha, où la trace des anciennes limites de rivage est marquée par la présence de dunes mortes. L’autre complexe, composé d’étangs (de Beauduc, Sainte Anne, Galère…) et de marais salants, couvre une superficie de 6 527 ha en arrière du cordon littoral situé entre la pointe de Beauduc et l’embouchure du Grand Rhône.

Fos sur Mer, Bassins Ouest du Port de Marseille Fos, Darse Sud, vue sur le site sidérurgique d’Arcelor Mittal, 2015 © Jean Belvisi / DREAL PACA / Observatoire Photographique du Littoral Vu Depuis la Mer

Le golfe de Fos-sur-Mer situé à l’est de l’embouchure du Grand-Rhône s’est formé par l’avancée du bras actuel du Rhône. La formation de la flèche de la Gracieuse débute, il y a 150 ans, avec l’abandon du bras du Pégoulier et de celui de Piémanson au profit d’un exutoire unique du Grand-Rhône, au grau du Roustan. Le remodelage par les houles des anciens dépôts du delta/prodelta du Pégoulier a permis son extension. Cette flèche fournit un abri naturel au golfe, qui est le site d’une très importante zone industrialo-portuaire développée à partir de la fin des années 1960.

Balade en bateau avec Bruno ASCIONE (Directeur du Bazar de la Mer, Saint Chamas), © Thibaut Vergoz

Le bassin de l’étang de Berre est la terminaison occidentale du bassin sédimentaire d’Aix-en- Provence, entre les deux chaînons anticlinaux de la Fare au nord et de la Nerthe au sud. Creusée par l’érosion, la dépression fut envahie par la mer au quarternaire.

L’étang de Berre, d’une superficie de 155 km 2 (75 km de linéaire de côte environ) et d’un volume de 900 millions de m 3 , est constitué de deux parties séparées par un haut-fond : le grand étang, à l’ouest et l’étang de Vaïne, à l’est. La communication de l’étang de Berre à la mer (golfe de Fos) se fait par le canal de Caronte, agrandi au début du XX ème siècle à 9 m de profondeur sur plus de 6 km de long.

L’étang de Bolmon, situé au sud de l’étang de Berre est une lagune peu profonde (1,5 m), d’une superficie de 578 hectares pour un volume de 8,3 millions de m 3 . Si le cordon sableux du Jaï sépare le Bolmon de Berre au nord, il est délimité par une digue en enrochement le séparant du canal de navigation de Marseille au Rhône et par des zones humides.

Pinèdes, garrigues et rives lagunaires, domaines viticoles et cultures sous serres, villages perchés et villes nouvelles, zones commerciales et aéroport, les paysages de l’étang de Berre sont le moins qu’on puisse dire contrastés ! Les espaces littoraux humides présentent une végétation souvent luxuriante de roselières et scirpaies qui façonnent un paysage remarquable rappelant à moindre échelle la Camargue proche. Les rivières et leur ripisylves structurent le paysage, notamment la Touloubre au niveau de la petite Camargue et la Cadière depuis les versants de l’Arbois jusqu’à l’étang de Bolmon.

Le littoral de la côte Bleue s’étend le long de la chaîne de la Nerthe. Ce massif culmine aux alentours de 240 m. Le massif de la Nerthe descend en pente douce à l’ouest (Cap-Couronne). La Couronne présente sur sa façade littorale de grandes anses sablonneuses très appréciées des touristes et de la population locale. Au niveau de Sausset-les-Pins la côte est très déchiquetée. Ensuite vient Carry-le-Rouet qui, tout comme Sausset-les-Pins, est une petite station balnéaire. Le Massif de la Nerthe descend de façon plus abrupte à l’est à partir de la plage du Rouet. Falaises et calanques (la Redonne, Niolon, La Vesse) constituent alors le relief dominant.

La rade de Marseille, est une zone effondrée et encaissée entre la chaîne de la Nerthe et le massif des Calanques. Ce bassin d’effondrement forme une large baie protégée par le cap Croisette à l’est et les îles du Frioul au sud. Elle est communément divisée en rade nord et rade sud.

Au nord, la quasi-totalité du littoral entre la pointe de Corbière et le fort Saint-Nicolas, est artificialisé par les infrastructures portuaires et du Grand Port Maritime de Marseille et du Vieux Port.

La partie sud de la rade de Marseille, du fort Saint-Nicolas au cap Croisette, est caractérisée par des terrains rocheux, sableux et artificialisés dans les petits ports et abris. Les zones sableuses se présentent sous forme de grandes plages artificielles, remblayées, en fond de baie telle que la baie du Prado ou par des plages de poche telle que la plage des Catalans.

Marseille, Calanque d’Envau, 2018 © Jean Belvisi / DREAL PACA / Observatoire Photographique du Littoral Vu Depuis la Mer

Contrairement au massif calcaire des Calanques, les falaises de Cassis sont composées de grés et poudingues qui culminent à 416 m d’altitude au cap Canaille (plus hautes falaises maritimes d’Europe).

Le massif calcaire des Calanques se divise géographiquement en deux ensembles. Le premier correspond au chaînon occidental qui culmine au sommet de Marseilleveyre (de la Madrague de Montredon à Sugiton, altitude 432 m) et le second est l’ensemble oriental qui s’étend du massif de Puget (altitude 564 m) au massif de Carpiagne (altitude 645 m).

Les calanques de Sormiou, Morgiou (orientées nord-ouest/sud-est), Sugiton, d’En-Vau et de Port-Pin sont le produit typique de l’érosion karstique. Au Quaternaire, ces falaises calcaires ont été entaillées par les fleuves puis envahies par la mer lors de la transgression Flandrienne à la fin de l’ère glaciaire. Cette transgression est également responsable de l’isolement des îles de l’archipel de Riou, autrefois rattachées au continent. Au fond de ces calanques se trouvent des plages de poches naturelles ou aménagées.

L’archipel de Riou est composé de deux grandes îles montagneuses : l’île Maïre (139 m d’altitude) et l’île de Riou (190m), de trois îles de taille intermédiaire : îles de Jarron et de Jarre, l’île Plane (ou île Calsereigne) et de plusieurs petits îlots.

Entre ces 2 massifs s’étend la baie de Cassis, composée d’un port, d’une grande plage adossée au port et de nombreuses petites criques.

Le littoral de cette zone est essentiellement rocheux et se compose principalement de quatre baies : les baies de la Ciotat et des Lecques, séparées par l’avancée du cap Saint-Louis, et les baies de Bandol et de Sanary, séparées par la pointe de la Cride.

La baie de la Ciotat présente une côte rocheuse du bec de l’Aigle au Port-Vieux marquée par des anses autour du bec de l’Aigle. La côte de l’île Verte est de même nature que celle du bec de l’Aigle marquée également par plusieurs petites calanques. Du Port-Vieux à la plage de l’Arène Cros, le littoral est sableux avec des plages artificielles séparées par deux pointements rocheux : le cap des Moulins et la pointe de la Baumette. Le littoral est de nouveau rocheux depuis l’est de la plage d’Arène Cros jusqu’au cap Saint-Louis. Ensuite, le littoral de la baie des Lecques, du cap Saint-Louis à la pointe Fauconnière est caractérisé par une plage de sable de 2 km.

Plus à l’est, le littoral toujours rocheux est marqué par les massifs de la Madrague-Port d’Alon et les falaises de Bandol et Sanary. Ces petites falaises, souvent très altérées, atteignent 10 à 15 mètres de hauteur et sont marquées par de petites plages de sables ou de galets en fond de baie. La Baie de Bandol, dont l’extrémité occidentale est marquée par l’île de Bendor, est séparée de la baie de Sanary par la pointe de la Cride.

Le littoral de Six-Fours-les-plages est caractérisé par le cap Sicié qui culmine à 358 m d’altitude à Notre-Dame-du-Mai. Ses falaises orangées, parfois noires, sont de pentes assez raides et entaillées par des talwegs. Elles sont constituées de roches cristallines et de quelques traces de volcanisme effusif.

La commune de la Seyne-sur-Mer (qui correspond à la dépression Permienne), est composée d’une alternance de côte rocheuse et de petites plages de sable ou de galets. Ces galets sont également observés sur le littoral de la presqu’île de Saint Mandrier. Au Quaternaire, une accumulation de sable a rattaché l’île de Saint-Mandrier au continent.

Le littoral de la rade de Toulon est étroit et coincé entre le mont Faron au nord, le cap Sicié à l’ouest, le cap Carqueiranne à l’est et la presqu’île de Saint-Mandrier au sud. La côte qui alterne entre plages et falaises, est caractérisée par une double rade. La petite rade de Toulon est délimitée par le cap de Balaguier et le cap du Mourillon. Ce secteur, enclavé dans les terres, est occupé par des installations portuaires. La grande Rade, ouverte sur la mer, s’étend du cap du Mourillon au cap Carqueiranne. Son littoral est rocheux et ne comporte que des petites plages de poche.

Plus à l’est entre le cap Carqueiranne et la pointe des Chevaliers, se trouve le golfe de Giens. De cap Carqueiranne à Saint-Pierre-des-Horts, le littoral, formé d’une alternance de côtes rocheuses et de petites plages de poche, est surplombé par les falaises de la Gavaresse, des forts de la Colle Noire (294 m), du Paradis (298 m) et du mont Oiseaux (300 m). De Saint-Pierre-des-Horts à la pointe des Chevaliers se présente ensuite la côte occidentale du tombolo de Giens où le littoral rocheux alterne avec de longues plages de sable fin, comme celle de l’Almanarre et des Estagnets. En arrière-plage se trouvent les salins de Pesquiers.


La rade d’Hyères est limitée à l’est par la presqu’île de Giens et à l’ouest par le cap Bénat. Ce secteur correspond à un littoral à côte basse. Il est essentiellement composé de longues plages de sable ou de galets qui alternent avec quelques pointements rocheux et des plages de poche. Vers le large, quatre îles formes les îles d’Or ou îles d’Hyères (Grand Ribaud, Porquerolles, Bagaud, Port-Cros et le Levant).La presqu’île de Giens est un tombolo, stade final d’évolution d’une construction d’accumulation littorale à l’abri d’une île, aujourd’hui rattachée au continent.

Les deux flèches de sable du tombolo de Giens sont dissymétriques en longueur et en largeur. Elles ont été formées par les courants marins et les apports fluviaux du Gapeau, petit fleuve côtier dont l’embouchure se situe entre Hyères et la Londe-les-Maures.

La presqu’île de Giens et les îles d’Hyères correspondent au prolongement cristallin du massif des Maures et la nature de leurs côtes est majoritairement rocheuse. La presqu’île est composée de terrains métamorphiques formant des falaises relativement hautes. Les côtes des îles de Port-Cros et de Porquerolles possèdent également de hautes falaises sur leur façade sud et des pointes rocheuses alternant avec de petites plages de sable côté nord. Ces falaises peuvent atteindre 100 m de hauteur sur Port-Cros alors que sur Porquerolles elles tendent à former des calanques et des plages de poche sableuses.

Cette zone est représentative du littoral rocheux du massif des Maures. Elle est composée d’ouest en est par la baie du Lavandou, la baie de Cavalaire et la baie de Pampelonne.

La baie du Lavandou qui s’étend du cap Bénat au cap Cavalaire, présente une côte rocheuse abrupte où apparaissent quelques plages de poche sableuses. Les îles du Levant et de Port-Cros constituent une barrière physique au sud de la baie.

La grande baie de Cavalaire s’étend du cap Cavalaire au cap Lardier. D’ouest en est, s’y trouvent les plages de Cavalaire (4 km de long) et de la Croix Valmer.

Plus à l’est, le littoral est essentiellement rocheux avec quelques exceptions comme les plages sableuses de Briande et Escalet.

La baie de Pampelonne exposée plein est, est formée d’une grande plage sableuse de 4,2 km de long.

Le golfe de Saint-Tropez présente un littoral rocheux correspondant au massif des Maures. Les falaises ne dépassent pas les 5 mètres de hauteur et alternent avec des grandes plages de sable. Le littoral qui s’étend de Port Grimaud jusqu’à Saint-Aygulf correspond à la partie orientale du massif des Maures. Cette partie est également composée de côtes rocheuses, découpées par des pointements rocheux et des plages de sable en fond de baie.

Le golfe de Fréjus correspond à l’extrémité aval de la vallée de l’Argens. Il s’agit d’une zone basse et plate dont le littoral sableux est marqué par l’embouchure de l’Argens. Toutefois les reliefs qui marquent la terminaison du massif des Maures s’élèvent à plus de 100 mètres sur la rive droite.

Au-delà du golfe de Fréjus et jusqu’à la pointe de l’Aiguille à Théoule-sur-Mer, s’étend le littoral rocheux du massif de l’Esterel. Ces côtes rougeâtres en porphyre rongé par la mer ont formé de magnifiques escarpements, criques et baies. Les caps sont souvent prolongés par des îlots rocheux comme l’île d’Or à l’ouest du cap Dramont et l’île des Vielles au large d’Anthéor.

Entre le cap Dramont et la pointe de la Beaumette se situe la rade d’Agay qui est orientée ouest-est et donc ouverte vers le sud. Cette baie est protégée des agitations maritimes par l’avancée rocheuse du cap Dramont au sud-ouest.

Cette zone limitée par la pointe de l’Aiguille et le cap d’Antibes, présente deux golfes séparés par le cap de la Croisette : le golfe de la Napoule à l’ouest et le golfe Juan à l’est. Dans ces golfes, se trouvent également de longues plages de sables et de galets et l’embouchure, notamment, de la Siagne (golfe de la Napoule). L’archipel de Lérins, au large du cap de la Croisette, compte quatre îles qui sont la Tradelière, Saint-Ferréol (les plus petites) et les îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat (les plus grandes).

Villeneuve-Loubet, Plage de Marina Baie des Anges, 2018 © Jean Belvisi / DREAL PACA / Observatoire Photographique du Littoral Vu Depuis la Mer

La baie des Anges est la plus grande des Alpes-Maritimes. Son littoral, à côte basse, est marqué par le delta du fleuve Var dont l’embouchure se situe à l’ouest de l’aéroport de Nice. La partie ouest de la baie, du cap d’Antibes jusqu’à l’aéroport, est formée d’anciens marais assainis. La partie est de la baie est formée d’une plage de galets de 4,5 km, le long de la “promenade des Anglais” située entre le terre-plein de l’aéroport Nice et le cap de Rauba (Rauba Capeu). Vers l’est, le littoral de Nice est rocheux avec quelques falaises.

Ce littoral a connu depuis plusieurs décennies un développement socio-économique rapide. Il est ainsi devenu la plus importante zone urbaine de la Côte d’Azur.

Le littoral qui s’étend de Nice à la frontière italienne correspond à la terminaison de la chaîne des Alpes qui plongent dans la mer. Dans cette zone, des écailles de calcaires compacts claires et de roches marno-calcaires surmontent des dépôts de versants d’éboulis ou de brèches anciennes d’un littoral rocheux et très découpé. Parallèle à la côte, les falaises de l’Arc de Nice dominent la mer avec des altitudes variant de 500 à 1000 mètres.

Dans le relief plus doux du pays de Menton, les fleuves côtiers ont creusé des marnes et du flych gréseux et déposé leurs alluvions pour former des plages sableuses.

Le territoire de Monaco est enclavé dans ce littoral très étroit où se trouvent toutefois quelques plages de poche sableuses ou de galets, naturelles ou artificielles, situées entre des pointements rocheux.

Paysages et biodiversité

Le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur est très diversifié. Il se caractérise par une succession de côtes sableuses (larges étendues en Camargue ou plages de poche dans le Var) et de côtes rocheuses souvent escarpées, mais également de zones humides et de vastes zones urbanisées (trois aires métropolitaines). Cette artificialisation s’est accélérée depuis les années 60 avec l’essor de l’économie résidentielle, le tourisme et la forte augmentation de la population.

Depuis longtemps, de nombreux espaces et paysages de bord de mer ont été identifiés et protégés. Le littoral régional compte ainsi : deux parcs nationaux (Calanques et Port-Cros), 4 réserves naturelles nationales, plusieurs sites classés, le Parc marin de la Côte bleue, des zones de conservation, des sites Natura 2000, ainsi que de multiples zones naturelles d’inventaire écologique, floristique et faunistiques (ZNIEFF) terrestres et maritimes. Dans cette démarche, le Conservatoire du littoral a été et demeure très actif pour acquérir des espaces menacés. Leur mise en protection permet de faire face à l’étalement urbain et de stabiliser les espèces en danger.

En effet le bassin méditerranéen est considéré comme l’un des 36 « hot spot» de biodiversité dans le monde, c’est-à-dire une région caractérisée par une diversité biologique exceptionnelle mais connaissant des menaces importantes. Le littoral de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ne fait pas exception autant sur la frange terrestre que dans l’espace maritime ; il fait figure de hot-spot régional au sein du bassin méditerranéen.

Sa biodiversité marine est particulièrement exceptionnelle. Elle compte plus de 1700 espèces d’invertébrés, 315 d’algues, 110 de poissons.(source Museum National d’histoire naturelle https://inpn.mnhn.fr/habitat/cd_hab/1010/tab/description) Elle subit des pressions anthropiques importantes (fréquentation, navigation, pollutions, artificialisation etc.). Aujourd’hui les habitats côtiers des petits fonds (herbiers de posidonies notamment) doivent absolument être préservés en raison de leur valeur intrinsèque et de leur rôle de protection du rivage et des plages. Les habitats coralligènes, plus profonds (20-70 m), sont également très fragilisés par le changement climatique du fait de l’augmentation des températures de l’eau en été et des changements dans l’acidité de l’eau. Enfin, l’apparition et l’adaptation d’espèces exotiques, apportées par les navires, constituent une menace pour les espèces endémiques.

La biodiversité terrestre est tout aussi remarquable. On citera quelques exemples emblématiques. Pour la faune le Flamant rose, l’échasse blanche ou l’huîtrier pie peuplant les secteurs les mieux protégés de la Camargue, la Sterne naine ou l’Aigle de Bonelli mais également sur les îles le Puffin cendré ou le cormoran huppé. Au total plusieurs centaines d’espèces permanentes ou de passage. La flore terrestre est tout aussi remarquable et précisément décrite dans les inventaires ZNIEFF facilement accessibles via les outils en ligne de la DREAL : Batrame (batrame-paca.fr) ou sur la base SILENE (http://www.silene.eu)

Outre son exceptionnelle diversité biologique, le littoral régional se distingue par le caractère varié, remarquable et mondialement apprécié de ses paysages. Ceux-ci présentent un caractère patrimonial du fait de la géomorphologie variée, de la succession des reliefs, des formations végétales et de l’empreinte humaine. On trouve ainsi en Camargue de vastes territoires sableux, très plats avec quelques dunes émergentes. Puis à l’Est, des à-pics spectaculaires sur la Côte Bleue ou dans les Calanques. Le littoral Varois est aussi une succession de petites falaises et de plages de poche. Les massifs côtiers comme par exemple l’Estérel, les Maures ou les Alpes, concourent à façonner des sites remarquables, offrant des vues paysagères de grande valeur. Îles, criques, baies et rades participent également à la renommée et à l’attractivité de la région. Enfin, malgré l’urbanisation très étalée, les villes côtières se caractérisent aussi par un urbanisme de qualité, des jardins souvent classés, et un patrimoine bâti patrimonialisé.

Les herbiers de posidonies (Posidonia oceanica), un écosystème majeur

La Méditerranée est connue pour être un hotspot de biodiversité. C’est notamment sur les fonds côtiers entre 0 et 40 mètres que se concentrent les herbiers de posidonies, plantes à fleurs endémiques à croissance très lente.

Les herbiers et les banquettes de posidonies jouent plusieurs rôles majeurs pour la vie marine et offrent de nombreux services écosystémiques dont la valeur est parmi les plus élevées au monde :

  • Le rôle de nurserie et de frayères pour les poissons et les espèces marines en général ;
  • Le stockage de carbone : à surface égale, l’herbier stocke jusqu’à trois fois plus de carbone qu’une forêt tempérée ou tropicale ;
  • La production d’oxygène : l’herbier produit deux fois plus de dioxygène (O2) au m² qu’une forêt de même surface ;
  • Le maintien des fonds sableux : les herbiers fixent les fonds meubles et favorisent la transparence de l’eau ;
  • La lutte contre l’érosion : les herbiers atténuent la force de la houle, des vagues qui déferlent sur les côtes et contribuent à l’érosion du littoral. Les feuilles mortes tombées à l’automne s’échouent sur les plages et constituent des banquettes qui amortissent les effets de la houle et limitent grandement l’érosion des plages. Leur gestion raisonnée est essentielle pour le maintien des plages et de l’activité économique balnéaire.

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, la valeur économique de la Posidonie est estimée à 15.8 milliards d’euros.

(Photos d’herbiers de posidonies)

Cependant, l’herbier et les banquettes de posidonies subissent de nombreuses pressions anthropiques : les aménagements du littoral et notamment son artificialisation, l’activité touristique, l’érosion des plages par l’enlèvement des banquettes, la présence de navires au mouillage par l’action mécanique des chaînes et des ancres sur les fonds, les pollutions marines…

L’importance écologique des herbiers rend leur régression préoccupante et l’impact de l’ensemble de ces pressions anthropiques cumulées est un vrai enjeu de préservation de la biodiversité mais également un enjeu économique.

Pour répondre à ces enjeux, la Posidonie bénéficie de protections règlementaires internationales et nationales. Les herbiers et les banquettes ont un statut d’habitat et d’espèce protégés.

Au niveau régional, la Région, chef de file Biodiversité, en partenariat avec les services de l’Etat met en œuvre de nombreux dispositifs pour protéger les herbiers et les banquettes de posidonie, préserver les services qu’ils rendent mais également concilier le développement durable des activités économiques et l’attractivité du littoral régional. Ils visent essentiellement à accompagner les collectivités et leurs établissements, les gestionnaires d’espaces naturels dans la mise en œuvre de stratégies et d’actions.

Pour en savoir plus

Chiffres clés

  • 1034 km de côtes dont 594 km de côtes rocheuses, 293 km de côtes sableuses et 147 km de côtes artificialisées⁽¹⁾
  • 4000 ha gagné sur la mer depuis le début du XIXe siècle⁽²⁾
  • 65 communes littorales au sens de la Loi du 3 janvier 1986, dont 10 communes riveraines de l’étang de Berre, ce qui représente 23% de la superficie de la région⁽³⁾
  • Une concentration de population très élevée : plus de 2,5 millions d’habitants, soit 733 hab./km² en 2015 (2,5 fois plus que la densité de population moyenne des communes littorales en France et plus de 6 fois plus que la densité moyenne française)⁽⁴⁾
  • Un poids économique majeur : tourisme, pêche, plaisance, etc.
  • Le réseau Natura 2000 couvre plus de 40 % des communes littorales
  • Des zones humides étendues (Camargue et Salins d’Hyères)
  • Une biodiversité marine à préserver des pressions anthropiques, avec la présence importante des herbiers de posidonie et massifs coralligènes

(1) – Calcul basé sur un découpage du trait de côte Histolitt du SHOM – Source : Dynamique et évolution du littoral – fascicule 9 : Méditerranée Est – Cerema – à paraître
(2) – Source : site internet www.medam.org – consulté en juin 2020
(3) – Source : L’atlas du littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur – 2013 – http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/l-atlas-du-littoral-de-provence-alpes-cote-d-azur-a9032.html
(4) –Source : INSEE 2018

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