Etude et gestion intégrée des transferts sédimentaires dans le système Gapeau/rade d’Hyères.

Dans la Région PACA, les plages du littoral varois sont un enjeu important du risque d’érosion côtière. En effet, durant la seconde moitié du 20ième siècle, la demande touristique s’est considérablement accrue et ces plages se sont progressivement réduites à de minces croissants adossés à des murs de perrés ou à des cordons dunaires, eux-mêmes dégradés. Elles ne survivent le plus souvent que grâce à de coûteux travaux d’artificialisation ou de rechargements. Leur risque de disparition dans un avenir proche est élevé. Dans ce contexte, la réponse du milieu et l’intensité du risque dépendent d’abord de la capacité du littoral à se défendre, c’est-à-dire du soutien sédimentaire apporté par les fleuves côtiers.

Bien que démontrée à l’échelle mondiale, l’influence de l’anthropisation sur la diminution des apports sédimentaires à la mer n’est pas clairement définie dans le cas de petits hydrosystèmes méditerranéens comme le Gapeau. Depuis le XIXe siècle, la tendance à la réduction de la charge solide est avérée, mais il reste difficile d’en estimer l’impact sur l’évolution du littoral. Bénéficiant des apports sédimentaires de plusieurs fleuves et notamment du Gapeau (qui représente plus de 90 % des apports), le littoral de la rade d’Hyères évolue donc au rythme des crues et de la redistribution des sédiments par les évènements météo-marins.

L’évolution séculaire du système Gapeau/rade d’Hyères met en évidence la rétraction et l’incision du chenal, et le recul du trait de côte. Le système fluvial s’est figé précocement, réduisant les apports sédimentaires au littoral, qui recule régulièrement depuis plus d’un siècle. L’évolution des 2 systèmes n’est pas synchrone : en effet, à partir des années 1970 le recul du trait de côte est ralenti par les aménagements.

Nous avons mesuré les flux sédimentaires actuels dans le Gapeau et les dynamiques qui contraignent ces apports dans l’embouchure puis vers les plages connexes. Nous avons démontré que seuls les évènements hydrologiques extrêmes participent aux apports au littoral. Mais les mesures encadrant une crue d’occurrence vicennale (Q20) démontrent la faiblesse des apports sédimentaires, même lors d’un tel événement, puisqu’ils sont insuffisants à palier au déficit sédimentaire récurrent du littoral de la rade. Les pertes sédimentaires annuelles estimées sont supérieures aux apports engendrés par un tel évènement. L’application des formules de transport indique néanmoins que le chenal est capable de faire transiter un volume de sédiment bien plus important. Ce constat illustre ainsi la rétention sédimentaire dans le bassin-versant.

Nous avons également évalué le rôle des aménagements sur les transferts sédimentaires dans le cours d’eau et démontré qu’ils ne provoquent qu’un stockage temporaire. Le littoral de la rade d’Hyères recule donc régulièrement sans que les apports sédimentaires fluviaux ne parviennent à compenser cette érosion. Sur le littoral, nous avons montré que les aménagements provoquent des discontinuités et des aggravations locales des conditions de l’érosion, mais qu’il est possible de réduire ces effets par la mise en place de solutions alternatives (géotubes). Nous avons également montré que l’herbier de posidonies joue un rôle important dans le fonctionnement sédimentaire des plages de la rade. Son intégrité et sa santé doivent ainsi constituer une priorité pour la protection du littoral de la rade d’Hyères.

Pièces jointes

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